Leur jeunesse entre les mains, il leur semblait qu’elle s’échappait trop vite. Les dictats de la société en désaccord avec les technologies développées, ils se noient sous une vague d’informations contradictoires. Font écho contre les murs tagués de cette ville usée, les mots que cette jeunesse désabusée a décidé de colporter aux oreilles fumantes de leurs parents aux désirs devenus désuets. Et Geoju se fait terrain de jeu de ces adultes-enfants à la vie qui tangue entre deux mondes qui leur paraissent abstraits. Alors ils se hissent sur les murs et crient sur les toits de la ville leur désir brulant de détruire cette image qu’ils ont d’eux, les adultes trop rangés. Ces adultes qui amputent les sentiments de leurs gosses perdus, ceux qui disent que les leurs, ce sont des enfants biens, des studieux, des biens élevés. S’ils ont choisi Geoju  pour élever leurs enfants, c’est parce qu’elle est grande, parce qu’elle est majestueuse et sa technologie avancée la fait briller de mille feux dans les plus noire des nuits, parce qu’il y fait une chaleur accueillante dans les plus froids jours d’hiver.
Mais ces adolescents, ces presque adultes, ces égarés se demandent comment un tel décalage a pu s’installer entre ces étincelles technologiques et les pensées dépassées de leurs parents offusqués. Offusqués par les nouvelles drogues qu’on confisque, offusqués par ces lumières aveuglantes qu’on leur vomit à la gueule en pleine nuit, par la musique qui arrache les tympans, par l’odeur âcre de la cigarette se mêlant à celle du sexe libre. C’est dans l’excentricité que les jeunes de Geoju vont puiser leur inspiration, c’est dans la recherche de leurs limites qu’ils veulent trouver l’équilibre entre avancées technologique spectaculaires et parents coincés dans des traditions désuètes dont personne ne veut entendre parler aujourd’hui.

Il fut un temps où ces hauts buildings miroités n'étaient rien d'autre que des champs à perte de vue. Terre des exilés, des marginaux, des paysans rejetés de la société...il ne lui a fallut que soixante-dix ans pour devenir la ville dorée ; la ville de toute les possibilités. Avec ses six millions d'habitants, elle se place au rang de seconde ville de Corée du sud, bien qu'elle semble, ces dernières années, être préférée de la Capitale. On l'appelle " la New-York coréenne", la dream city ; le béton constamment en ébullition sous les semelles qui les foulent, la ville ne dort jamais. Car il y a trop de choses à voir, trop de choses à faire, trop d'opportunités qui pourraient nous passer sous le nez... Geoju , golden city. On va là bas pour son ambiance inépuisable, parce qu’elle est grande, parce qu’elle est majestueuse et sa technologie avancée la fait briller de mille feux dans les plus noires des nuits. On va là-bas pour sa chaleur omniprésente même les plus froids jours d'hiver, pour son ouverture d'esprit, pour sa xénophobie inexistante et son savoir-vivre. La brillante, la pétillante Geoju vous accueillera les bras grands ouverts, qui que vous soyez. C'est ce qui la rend belle, c'est ce qui la rend vraie.
Et encore aujourd'hui, elle reste le terrain de jeu des marginaux, des rejetés ; des âmes ne sachant plus où aller...mais on ne les regarde plus de haut, désormais. Car la ville avance dans l'ère du temps, elle évolue en même temps que sa population ; et les dernières générations observent leurs descendants briser tous les codes durement instaurés dans le passé. Ils observent ces deux garçons s'embrasser, ces filles aux dessins encrés sur leur bras frêles et dénudés...hors de question néanmoins de quitter la ville aux mille lumières.  Car lorsqu'on né à Geoju , on y meurt dans la fierté.